Suite des opérations de montage final des éléments et réglage:

Montage des chevalets pour les bourdons et les trompettes / mouche: Avant de coller ces chevalets il faut déterminer leurs positions. A cette fin, pour chaque chevalet, l'on monte à titre provisoire une ficelle tenant lieu de corde et l'on place le chevalet de façon à ce que cette corde simulée passe au milieu des deux tables du chevalet. A noter que pour le chevalet côté trompette, la position déterminera la taille du chien qui est critique pour son fonctionnement.

Ensuite, la base du chevalet ainsi positionnée est repérée sur la table (recouverte de ruban adhésif) afin de pouvoir gratter le vernis à cet endroit. Les deux photos suivantes montrent respectivement les chevalets côté bourdon et côté trompette.

Fabrication des chiens: Exercice à haut risque (d'échec...) et demandant un travail de précision et pas mal d'expérience pour comprendre quelles sont les caractéristiques qui font qu'un chien "marche" - ou ne marche pas. Les maitres de l'art parviennet à affiner un chien pour influencer le son qu'il produit et et la facilité de son réglage entre "chien gras" et "chien sec". Un chien qui "sonne" est une pièce précieuse faite pour durer ( demandant cependant un entretien régulier), et le cas typique est celui des vielleux qui portent en eux la hantise de perdre ce petit bout de bois qui donne tellement de caractère à l'instrument, sachant qu'un bon chien ne se remplace pas facilement et demande soit les bons services d'un expert ou d'avoir soi-même le savoir faire pour une fabrication maison (compter plusieurs essais avant d'obtenir des résultats tangibles). Ici, ceux qui sont prêts à livrer leur recette pour la fabrication du chien sont encouragés à se manifester ou à donner des conseils pratiques qui font cruellement défaut. La réalisation d'un bon chien tient encore de nos jours plus de la magie que de la science exacte.

Une fois encore, notre luthier préfère travailler à partir du bois brut, là où d'autres commenceraient à partir d'un profil de bois acheté en magasin. Ici, le luthier taille lui-même avec un rabot un profil triangulaire dans l'érable:

Il découpe ensuite la quille du chien qui s'insérera dans une fente prévue à cet effet dans le chevalet:

La corde simulée par une ficelle sert de référence pour déterminer le point d'appui de la corde sur le chien. Sachant où se trouve idéalement ce point sur un chien (au-dessus du bord intérieur du pied du chien), on peut dessiner la forme approximative du chien sur le profil en érable. Le creux du chien est ensuite taillé, puis le chien sera séparé du profil d'origine et affiné, ce qui demande un travail de précision, notamment en ce qui concerne la forme de l'encoche qui accueillera la corde et le pied du chien, deux éléments particulièrement critiques pour son fonctionnement.

Voici les deux chiens prêts et montés. Le chien du bas (trompette en do) frappe directement la table de la vielle, alors que celui en haut (trompette de sol) est en appui sur une petite étagère en bois fixée au chevalet (collage dans une mortaise).

Cependant, les essais de ce chien révèleront que le son produit est trop faible. Ceci est du au manque de couplage acoustique du chien au corps de la vielle. Pour amplifier ce son, la solution consiste à prévoir une petite colonne en bois reliant l'étagère du chien à la table de la vielle, comme montré dans la photo qui suit. Par cette construction, les vibrations du chien frappant l'étagère sont répercutées sur la table. (A noter: certains luthier insèrent une petite plaque en matériau dur (p.ex. en os) dans la table à l'endroit où frappe le chien. Ceci évite quà la longue le chien n'érode la surface de la table ce qui détériore sa sonorité. On a même vu des tables carrément percées à force de trop de bals...

Les cordes de résonance ou cordes sympathiques: Ces cordes ne sont pas frottées par la roue mais vibrent par effet de couplage acoustique avec notamment les chanterelles. Cet effet de résonance donne un brillant au son de la vielle, à condition de procéder à un réglage très précis de ces cordes sympathiques.

Un bloc de bois pour accueillir les chevilles des quatre cordes de résonnance est préparé et la surface de son pied adaptée à la forme extérieure du corps de la veille. Comme pour les chevalets, on couvre cette surface de ruban adhésif, puis on place le chevillier pour calquer la forme de sa base afin d'enlever le vernis avant le collage. A noter: En plus de son collage le chevillier des cordes de résonance est fixé par deux chevilles en bois. Pendant le séchage, le chevillier est solidement maintenu en place contre le corps de la vielle par un serre-joint.

Les chevilles pour les cordes de résonnance sont montées. La photo montre la clé livrée avec la vielle pour mettre les cordes sous tension et obtenir la bonne note de résonance. Cependant, l'utilisation decette clé pour un réglage précis est mail aisé. C'est pour cela qu'un dispositif supplémentaire est prévu pour le réglage de chaque corde sympathique, voir plus bas.

Fabrication et montage des cordes de résonance: Les cordes de résonance sont préparées à partir d'un fil d'acier de 0.4 mm de diamètre. Sur les photos, le luthier noue des boucles afin de pouvoir les attacher ces cordes sur des clous fixés dans le corps de la vielle:

La photo ci-dessus montre les quatre cordes de résonance montées. Chaque corde est équipée d'un tendeur à vis (matériel de violon) placé sur la partie non vibrante de la corde, entre le bord du corps de la vielle et un petit chevalet en os qui n'est pas collé sur la table, mais tient en place par la force d'appui des cordes. Les tendeurs permettent d'obtenir un ajustement exact de la note de résonance pour chaque corde. Ils sont séparés de la table par une petite lanière de cuir, empêchant que les vibrations de la table ne ne se transmettent aux tendeurs (ce qui genereeait des bruits parasites).

Attache du cache roue: Un reste de corde est utilisé pour attacher le cache-roue au chevalet des bourdons. De cette façon le cache une fois enlevé ne pourra se perdre:

Mécanismes pour arrêter les chanterelles: La vielle est équipée de trois chanterelles. Pour pouvoir les accorder individuellement, l'on doit pouvoir les "arrêter", c.à.d. désengager en les soulevant pour que la roue ne les frottent pas. Le luthiers a ici prévu trois mécanismes au bout du clavier:

Pour la 1ere chanterelle côté touche un crochet est prévu sur lequel on peu poser la corde en la soulevant. Ce crochet est recouvert d'une gaine en caoutchouc pour éviter de blesser la corde en la désengageant:

Pour les deux autres chanterelles deux touches supplémentaires ont été aménagées où les sautereaux sont replacés par des supports en bois (position réglable). Le désengagement de ces deux cordes se fait en soulevant la corde et en poussant la touche pour déplacer le support en dessous de la corde:

 

Cordage: On aura vu sur les photos qu'entre temps les ficelles ont été remplacées par des vraies cordes. Voici le plan de cordage pour cette vielle (accord sol/do):

cordes
accord
diamètre
matériel
cordes sympatiques
4 x sol2
0.40 mm
acier
chanterelles 1 et 2
sol2
0.95 mm
boyau naturel
chanterelle 3 (octave)
sol1
sol medium  pour violon
gros bourdon
sol0
ref BFA 1232 de Savarez
petit bourdon
do1
BFA 532 de Savarez
trompette sol
sol2
nylon,si de guitare
trompette do
do3
nylon, sol de guitare

La vielle devrait être prête, et nous attendons donc impatiemment de pouvoir entendre la vielle lancer son premier "cri" dans ce bas monde... .

 

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