Avant de coller la table, toutes les découpes doivent être faites, comme p.e. pour l'ouverture pour la roue, dont la position et les dimensions doivent être parfaitement adaptées par rapport à la position de la roue. Ici le luthier utilise une méthode de calquage à partir d'un patron correspondant au type de corps (donc au moule initial). Ce patron est déjà muni d'une ouverture de roue qui correspond au diamètre de la roue et à son profil d'épaisseur. On cale le corps du luth avec la roue montée et on place le patron de façon à ce que l'ouverture laisse la roue libre. Ensuite on marque la position du patron rapport au corps de la veille par deux points fixes, l'un au niveau du bloc du corps côté manivelle, l'autre au niveau du troisième barrage. Un fois les trous percés à ces endroits, le patron pourra être fixé au moyen de deux chevilles en bois. Comme la future table est légèrement bombée, le patron sera forcé dans cette même position courbe par des cordes. Une fois ce montage fait, on vérifiera une dernière fois si la roue tourne librement. Il faut aussi veiller à ce que le patron dépasse à tout endroit le corps.

On peut maintenant enlever le patron et le placer sur le plan de bois préparé pour obtenir la table (voir section "préparation de la table"). On reportera sur ce plan les mesures essentielles en se servant du patron: périmètre extérieur de la table, ouverture de la roue, points de fixations.

Après une découpe sommaire de l'ouverture de la roue, la finition se fera au moyen de limes à bois. On distingue aussi les deux trous de fixation percés au diamètre des chevilles à bois dans le matériau de la table.

Découpe du pourtour extérieur de la table: on laissera une marge qui sera éliminée une fois la table collée.

Les autres ouvertures sont découpées avant de coller la table: les ouïes qui dans une certaine mesure détermineront la puissance du son de la vielle. On distingue aussi une autre ouverture carrée qui donnera plus tard accès au roulement à bille dans le barrage du milieu, en cas de problème. Sur la ligne médiane près du bord de la table, on distingue l'un des trous de fixation.

Prochaine étape: le collage de la table. Ceci constitue un cap important dans le processus de fabrication de la vielle, la première raison évidente étant qu'à partir de ce moment, on n'accédera plus à l'intérieur de la vielle. D'ailleurs de nombreux facteurs en profitent pour coller juste avant la table une petite reproduction à l'intérieur du corps (de façon à être visible par exemple par l'ouverture de la roue) avec le sigle et le nom du luthier, ainsi que la date de fabrication ou le numéro de série: Impossible de falsifier un tel certificat de la vielle, sans la détruire. La deuxième raison tient peut être plus de la superstition, et pourtant... On dit - et j'en ai fait personnellement l'expérience sur au moins un de mes instruments - que la vielle change de "jouabilité" au cours des saisons quand le corps travaille avec l'hygrométrie. Elle ne sonnera à son mieux qu'à deux époques de l'année: à l'époque anniversaire du collage de la table et 6 mois après. (Qui peut confirmer ? votre avis s.v.p.) .

Le luthier ne m'a pas révélé quelle colle il utilise pour coller la table. On m'a appris de mon côté que des colles naturelles (p.e. à base de peau de poisson) étaient recommandées car elles permettent, p.e. pour des réparations nécessitant l'accès à l'intérieur de l'instrument, de décoller la table à la vapeur chaude. (Votre expérience ? Vos recommandations ? avis s.v.p.) .

Mais avant de penser à décoller la table, il y a déjà assez de problèmes pour la coller. En effet, étant montée sous contrainte à cause de la forme bombée de la table, il faut maintenir cette dernière fortement pressée sur les bords du corps de vielle. La technique consiste à utiliser de multiples tendeurs élastiques qui sont attachés à des clous plantés dans le bord d'un panneau de support et qui permettent d'appliquer une pression homogène sur tout le pourtour de la table.

Pour ceux qui savent regarder cette scène de près: On découvre derrière la bouteille de colle (décidément ce n'est pas de la colle à poisson...) et à côté de la roue, la première esquisse du chevillier - sans doute avec les trous pour les chevilles déjà percés, mais sans que la tête soit sculptée.

Mais restons encore un instant au collage de la table avec cette prise de vue en détails. On distingue la cheville de bois maintenant la table en place. Les bords sont encore à l'état brut et dépassent le corps. Ils vont être rabotés plus tard.

Avant de passer à la prochaine étape, laissons sécher...

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